Les conflits sont des éléments clés de la narration. Que ce soit dans un roman, une nouvelle ou un scénario de film, la présence d’un conflit est souvent indispensable pour tenir en haleine le lecteur ou le spectateur. Mais pourquoi créer des conflits dans une histoire ? Et comment s’y prendre pour les rendre crédibles et efficaces ? Ce sont les questions auxquelles cet article se propose de répondre. Nous verrons que le conflit n’est pas seulement une source de tension dramatique, mais qu’il peut également être porteur de sens et de signification pour le récit et les personnages. Nous étudierons les différentes formes de conflits, les raisons de leur création, ainsi que les techniques d’écriture pour les mettre en place de manière efficace. En somme, nous explorerons le pourquoi et le comment de la création de conflits dans les histoires que nous écrivons.
Le conflit permet de donner une direction au récit, d’introduire des enjeux et de susciter l’intérêt du lecteur ou du spectateur. Sans conflit, l’histoire risque de manquer de tension dramatique, de ne pas offrir de véritable challenge aux personnages et de ne pas retenir l’attention du public. Il permet également de dévoiler la personnalité et les motivations des personnages, de les confronter à des dilemmes moraux, de leur faire prendre des décisions difficiles et de les faire évoluer au cours de l’histoire. En cela, il participe à la construction psychologique des personnages et à l’approfondissement des thèmes abordés dans le récit.
Par ailleurs, le conflit permet souvent de mettre en lumière des problématiques sociales, politiques ou philosophiques, en faisant écho aux préoccupations de la société dans laquelle l’œuvre est créée. Il est ainsi porteur de sens et de signification, en contribuant à la réflexion sur des questions essentielles.
II. Les conflits, éléments clés de la narration
Rôle des conflits dans la construction narrative.
En littérature, le conflit est une situation de tension entre deux forces ou entités qui s’opposent, générant ainsi des obstacles pour le personnage principal et créant des enjeux pour l’histoire. Le conflit peut être interne ou externe, individuel ou collectif.
Le conflit interne concerne les luttes intérieures que le personnage traverse, les dilemmes qu’il rencontre et les choix qu’il doit faire. Ce conflit est lié à la psychologie du personnage et peut prendre la forme d’un conflit entre ses désirs et ses responsabilités, entre ses valeurs et ses actions, entre son passé et son futur.
Le conflit externe, quant à lui, est une opposition entre le personnage principal et une force extérieure, qu’elle soit un autre personnage, un groupe, une institution, la nature ou la société dans son ensemble. Ce conflit est souvent plus visible et tangible que le conflit interne, et il peut se manifester sous différentes formes, telles que la rivalité, le combat, la persécution, l’oppression ou l’adversité.
Le conflit peut également être individuel ou collectif, selon qu’il implique un seul personnage ou un groupe de personnages. Dans tous les cas, le conflit est un élément essentiel de la narration, car il permet de mettre en lumière les forces en présence, les enjeux de l’histoire et de créer une tension dramatique qui maintient l’intérêt du lecteur.
Le conflit est le point de départ d’une histoire, il est le ferment de l’intrigue. Il permet de poser les bases de l’histoire en créant des enjeux pour les personnages, en générant des obstacles à surmonter et des choix à faire. Le conflit peut ainsi être utilisé pour susciter l’intérêt du lecteur dès les premières pages, en lui posant des questions auxquelles il souhaite obtenir des réponses.
C’est également un outil de caractérisation des personnages. La manière dont un personnage réagit à un conflit peut permettre au lecteur de mieux comprendre sa personnalité, ses forces et ses faiblesses. Il peut également être utilisé pour faire évoluer les personnages, en leur permettant de surmonter des obstacles, de résoudre des dilemmes et de prendre des décisions difficiles.
Il permet de donner une profondeur et une signification plus large à l’histoire. Il peut être utilisé pour aborder des thèmes importants tels que l’amour, la mort, la justice, la guerre, la liberté, ou encore pour évoquer des enjeux sociaux, économiques ou politiques. En cela, le conflit est un outil efficace pour donner une résonance universelle à l’histoire et pour susciter la réflexion chez le lecteur.
Les différents types de conflits
On distingue plusieurs types de conflits, qui peuvent être classés selon différents critères. Les principaux types de conflits sont :
- Le conflit interne : Il s’agit d’un conflit qui se déroule à l’intérieur du personnage principal. Il peut s’agir d’un conflit entre ses désirs et ses responsabilités, entre ses valeurs et ses actions, entre son passé et son futur, ou encore entre différentes facettes de sa personnalité. Ce type de conflit est souvent utilisé pour créer des personnages complexes et nuancés, dont les dilemmes et les choix sont au cœur de l’histoire.
- Le conflit externe : Il s’agit d’un conflit qui oppose le personnage principal à une force extérieure, qu’elle soit un autre personnage, un groupe, une institution, la nature ou la société dans son ensemble. Ce type de conflit peut prendre différentes formes, telles que la rivalité, le combat, la persécution, l’oppression ou l’adversité. Le conflit externe est souvent utilisé pour donner de la tension à l’histoire et pour créer des enjeux pour le personnage principal.
- Le conflit individuel : Il s’agit d’un conflit qui implique un seul personnage. Ce type de conflit est souvent utilisé pour mettre en avant les caractéristiques et les motivations d’un personnage, ainsi que pour montrer sa capacité à surmonter des obstacles.
- Le conflit collectif : Il s’agit d’un conflit qui implique un groupe de personnages. Ce type de conflit est souvent utilisé pour mettre en avant les dynamiques de groupe, les rivalités et les alliances entre les personnages, ainsi que pour montrer l’impact des choix individuels sur le groupe.
Ces différents types de conflits ne sont pas mutuellement exclusifs, ils peuvent coexister dans une même histoire. Par exemple, un personnage peut être confronté à la fois à un conflit interne et à un conflit externe, ou encore un groupe de personnages peut être confronté à la fois à des conflits individuels et collectifs. C’est la combinaison et l’interaction de ces différents types de conflits qui permettent de créer des histoires riches et complexes. Voici quelques exemples d’œuvres où le conflit occupe une place prépondérante :
- « Guerre et Paix » de Léon Tolstoï : Ce roman monumental met en scène les guerres napoléoniennes du début du XIXe siècle et décrit les bouleversements politiques et sociaux qui ont secoué l’Europe à cette époque. Le conflit est omniprésent dans ce roman, qu’il s’agisse des batailles sur les champs de bataille, des luttes politiques entre les différents acteurs, ou encore des conflits internes que vivent les personnages.
- « Les Misérables » de Victor Hugo : Ce roman raconte l’histoire de Jean Valjean, un ancien bagnard qui tente de se réinsérer dans la société, mais qui est poursuivi par l’inspecteur Javert. Le conflit entre Jean Valjean et Javert est au cœur de l’histoire, mais le roman aborde également des thèmes tels que l’injustice sociale, la pauvreté, l’amour et la rédemption.
- « 1984 » de George Orwell : Ce roman dystopique décrit une société totalitaire dans laquelle la liberté individuelle est supprimée et la pensée est contrôlée par le Parti. Le conflit entre l’individu et l’État est central dans ce roman, ainsi que la lutte pour la liberté et la dignité humaine.
- « Le vieil homme et la mer » d’Ernest Hemingway : Ce roman raconte l’histoire d’un pêcheur cubain qui part seul en mer pour attraper un gros poisson, mais qui doit lutter contre les éléments naturels et les requins. Le conflit entre l’homme et la nature est au cœur de l’histoire, ainsi que la question de la persévérance et du courage.
- « La Recherche du temps perdu » de Marcel Proust : Ce roman monumental explore les thèmes de la mémoire, de l’amour et de la recherche de l’identité. Le conflit entre les différentes versions du moi est au cœur de l’histoire, ainsi que les tensions entre les différents groupes sociaux de l’époque.
III. Les raisons de la création de conflits
En créant des obstacles à surmonter pour les personnages, le conflit donne une dimension dramatique à l’histoire et permet de maintenir l’intérêt du lecteur, et d’explorer des thèmes universels tels que l’amour, la mort, la justice, la liberté ou encore la quête d’identité. En mettant en scène des personnages qui doivent affronter des dilemmes moraux ou des choix difficiles, le conflit permet d’aborder des questions complexes et d’inviter le lecteur à réfléchir sur des sujets importants.
En mettant en scène des personnages qui ont des défauts, des faiblesses et des contradictions, le conflit permet de rendre les personnages plus humains et plus crédibles. Les personnages qui doivent affronter des conflits sont souvent plus intéressants que ceux qui n’ont pas de problèmes à résoudre, car ils sont plus susceptibles de susciter l’empathie du lecteur et de créer une relation émotionnelle avec lui.
Les enjeux du conflit pour les personnages et pour le récit.
Pour les personnages, le conflit représente un défi à surmonter. Les enjeux peuvent être très variés : atteindre un objectif (gagner une compétition, obtenir un emploi, séduire quelqu’un), protéger un être cher, défendre ses valeurs ou ses convictions, etc. Les personnages qui doivent affronter un conflit sont souvent amenés à remettre en question leurs croyances, à découvrir des aspects cachés de leur personnalité, à se révéler à eux-mêmes ou aux autres. Le conflit est donc un moteur de l’évolution des personnages et permet de créer des personnages complexes et réalistes.
Pour le récit, le conflit est un élément essentiel pour maintenir l’intérêt du lecteur. Le conflit permet de créer de la tension, du suspense et de la dramatisation dans l’histoire. Il permet de donner un rythme au récit, en alternant les moments de calme et de tension. Le conflit est également un moyen de donner une structure à l’histoire, en créant des péripéties et des rebondissements qui maintiennent l’attention du lecteur. Le conflit peut également permettre d’explorer des thèmes profonds et universels, tels que l’amour, la mort, la justice, la liberté, ou la quête d’identité, ce qui donne une profondeur et une richesse à l’histoire.
La place de l’auteur dans la création de conflits.
L’auteur est le créateur de l’histoire et, en ce sens, il joue un rôle central dans la création de conflits. C’est lui qui décide de la nature des conflits qui vont être mis en scène, de leur intensité, de leur résolution, etc. La place de l’auteur est donc primordiale dans la création de conflits dans une histoire.
L’auteur peut créer des conflits de différentes natures : conflits internes (liés aux émotions, aux désirs, aux valeurs des personnages), conflits externes (liés à des événements extérieurs, à des personnages antagonistes, à des problèmes matériels), conflits collectifs (liés à des enjeux sociaux, politiques, culturels), etc. L’auteur peut également jouer sur l’intensité des conflits en créant des situations dramatiques, des retournements de situation, des obstacles difficiles à surmonter. Il peut également jouer un rôle dans la résolution des conflits. Il peut choisir de les résoudre de manière tragique ou heureuse, de manière définitive ou ouverte. La manière dont l’auteur résout les conflits est souvent liée aux thèmes qu’il souhaite explorer, ainsi qu’à la tonalité générale de l’histoire.
L’impact des conflits sur le lecteur.
Les conflits auxquels les personnages sont confrontés sont souvent universels et renvoient à des expériences que le lecteur peut avoir vécues. Le lecteur peut donc ressentir de l’empathie pour les personnages, s’identifier à leurs émotions et vivre les conflits avec eux.
Le lecteur peut être tenu en haleine par la tension et le suspense dans l’histoire, se demandant comment les personnages vont surmonter les obstacles qui se dressent sur leur chemin. Ou par des retournements de situation et des rebondissements.
Les conflits peuvent également permettre au lecteur de réfléchir sur des thèmes profonds et universels, tels que l’amour, la mort, la liberté, la justice, etc. Les conflits permettent ainsi d’explorer ces thèmes de manière concrète et de susciter la réflexion du lecteur. Enfin, la manière dont les conflits sont résolus peut créer de la satisfaction, de l’espoir, de la tristesse ou de la déception chez le lecteur. La résolution des conflits peut ainsi contribuer à la tonalité générale de l’histoire et laisser une impression durable chez le lecteur.
IV. Les techniques d’écriture pour créer des conflits
Les différents niveaux
Le niveau le plus évident de conflit est celui de l’intrigue. L’intrigue est la trame narrative de l’histoire, qui suit la progression des événements et des actions des personnages. Les conflits qui émergent dans l’intrigue peuvent être externes, tels que des obstacles physiques ou des antagonistes qui s’opposent aux personnages, ou internes, tels que des dilemmes moraux ou des choix difficiles que les personnages doivent faire.
Ensuite, il y a le niveau des personnages. Les personnages sont souvent le point central de l’histoire, et les conflits qui les impliquent peuvent être externes ou internes. Les conflits externes peuvent être liés aux relations entre les personnages, à leur environnement social ou à leur situation économique. Les conflits internes, quant à eux, sont souvent liés à des dilemmes psychologiques, des choix de vie ou des transformations personnelles.
Enfin, il y a le niveau des thèmes, qui sont des idées profondes et universelles qui sont explorées dans l’histoire. Les conflits liés aux thèmes peuvent être liés à des idéologies, des croyances ou des valeurs qui sont remises en question dans l’histoire. Les conflits liés aux thèmes peuvent aussi se manifester de manière symbolique, à travers des images ou des événements qui ont une signification allégorique.
Techniques d’écriture
Les quatre techniques principales sont l’opposition, la tension, la contradiction et la subversion.
L’opposition est l’un des moyens les plus courants de créer un conflit dans une histoire. Cela implique de créer un antagoniste, une force ou un obstacle qui s’oppose aux protagonistes et qui crée une tension dramatique. Par exemple, un héros qui lutte contre un ennemi puissant ou qui doit surmonter un obstacle difficile pour atteindre son objectif.
La tension est une technique d’écriture qui peut être utilisée pour créer un conflit émotionnel ou psychologique dans une histoire. Cela implique de créer des situations qui suscitent des émotions fortes chez les personnages ou chez les lecteurs, telles que la peur, l’anxiété ou la frustration. La tension peut être créée par le biais de dialogues tendus, de scènes de combat, de retournements de situation ou de rebondissements inattendus.
La contradiction est une technique d’écriture qui consiste à mettre en conflit deux idées ou deux personnages qui ont des opinions ou des valeurs différentes. Par exemple, un personnage qui est honnête et un autre qui est malhonnête, ou un personnage qui est conservateur et un autre qui est progressiste. Cela peut créer des tensions entre les personnages et susciter des questions sur les valeurs et les croyances des personnages.
La subversion est une technique d’écriture qui implique de prendre des attentes ou des normes et de les retourner pour créer un conflit inattendu. Par exemple, un personnage qui semble gentil et bienveillant peut se révéler être un méchant, ou un personnage qui est censé être faible peut se révéler être fort et courageux. La subversion peut créer des tensions et des conflits inattendus dans l’histoire.
Les risques de la création de conflits
L’utilisation excessive de conflits : peut rendre l’histoire trop intense ou difficile à suivre pour le lecteur. Si chaque scène contient un conflit majeur, cela peut rendre l’histoire trop chargée émotionnellement ou créer une confusion sur les enjeux réels.
Le risque de caricature des conflits : peut donner l’impression que les personnages sont trop simplistes ou stéréotypés. Si les personnages sont trop unidimensionnels ou que les conflits sont trop exagérés, cela peut rendre l’histoire peu crédible ou dénuée de profondeur émotionnelle.
La gratuité des conflits : peut rendre l’histoire dérangeante ou choquante pour le lecteur. Si les conflits sont utilisés uniquement pour susciter des réactions émotionnelles ou pour créer un sensationnalisme, cela peut créer un sentiment de malaise ou de dégoût chez le lecteur.
Il est important pour l’auteur de trouver un équilibre approprié entre les différents types de conflits, en veillant à ce que chaque conflit soit justifié et crédible pour l’histoire et les personnages. Les conflits doivent être utilisés pour faire avancer l’intrigue et approfondir les personnages, plutôt que de simplement ajouter du drame ou des rebondissements inutiles.
Liens
Extrait de : LES DEUX ROYAUMES – Tome 1 – LA CITÉ DES ANGES