L’on racontait que lorsque les policiers l’avaient enfin localisé, il traînait déjà depuis un mois dans les bas-fonds de la ville. Mal rasé, mal coiffé et ses vêtements tombaient en haillons. Il fouillait les poubelles à la recherche de restes de nourriture ou de mégots de cigarettes. L’on racontait aussi que lorsqu’ils ont voulu l’appréhender, il a couru comme un détraqué vers l’immeuble où il habitait et il a foncé tête baissée dans la foule de flics qui s’y trouvaient. Ils l’ont arrêté dans le hall, juste devant l’ascenseur, et il s’est débattu comme un tigre acculé. C’était, en quelque sorte, une dernière action désespérée et totalement incompréhensible. Tout ce qu’il voulait, coûte que coûte, c’était de prendre cet ascenseur pour leur échapper.
« Mais ferme donc ton ribouis pouacre ! Tu me parles comme si je t’écoutais, tu me racontes ta vie comme si tu existais encore. Tu n’es plus rien pour moi. Parle donc à mes cendres quand je ne serai plus… toi et moi, nous savons comment ça doit finir. Finissons-en et épargne-moi la vue de ta tronche de malheur. Je te maudis, je maudis ta vie, je maudis ton âme et je maudis ta guerre, elle ne sera point la mienne… Tu me tueras, et tu mourras un jour. Vis comme tu le voudras, tant que tu le pourras. Toute âme goûtera à la mort et devant Allah se retrouveront les rivalités, il est meilleur juge et il est justice… Par Allah et par son prophète, je serai ton rival le jour du jugement dernier. »
Hadj Slimane